Les ministres européens de l’énergie se réuniront vendredi pour discuter des mesures à prendre pour limiter les effets des prix élevés de l’énergie. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déjà annoncé mercredi un certain nombre de plans qui seront présentés aux ministres européens. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Les dirigeants européens travaillent depuis des mois sur un plan visant à limiter les effets des prix élevés de l’énergie. Lorsque la Russie a décidé le week-end dernier de maintenir le gazoduc Nord Stream 1 fermé plus longtemps que prévu, les mesures sont devenues encore plus urgentes. La Commission européenne a donc convoqué les ministres de l’énergie.
Selon Louise van Schaik, chercheuse à l’Institut Clingendael, il est difficile d’estimer comment les différents pays de l’UE perçoivent les mesures proposées. « Mais le stress augmente à Bruxelles. Les gens ne peuvent plus payer leurs factures d’énergie. Cette situation accroît l’agitation au sein de la population. Je comprends que les gouvernements veuillent faire quelque chose à ce sujet. »
Un plafond de prix peut-il aider ?
La principale mesure évoquée par la présidente Von der Leyen est l’introduction d’un plafond de prix pour le gaz russe. Cela signifie que, dans l’ensemble de l’UE, le gaz ne sera plus acheté au-delà d’un certain prix. Selon M. Van Schaik, ce plan est un « bouton d’urgence » qui peut aider mais aussi causer plus de problèmes.
La Russie a déclaré qu’elle cesserait totalement de fournir du gaz si l’UE fixait un plafond de prix. Les pays d’Europe centrale, qui sont encore très dépendants du gaz russe, auront alors un problème.
« D’un autre côté, il est également possible que Poutine continue de toute façon à fournir du gaz à l’Europe centrale », indique le chercheur. « Ensuite, avec un plafonnement des prix, vous enlevez la spéculation ».
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Conséquences à long terme
Les mesures discutées par les ministres de l’UE vendredi peuvent résoudre en partie le problème de l’énergie à court terme. Mais nous devons prendre garde aux éventuelles conséquences à long terme, selon M. Van Schaik. Un plafonnement des prix peut empêcher qu’une miche de pain coûte 10 euros et que le chauffage soit épuisé, mais à un moment donné, le gaz deviendra lui aussi rare.
« Il a été dit à plusieurs reprises que les citoyens ne seront pas laissés pour compte. Si nous manquons bientôt de gaz, nous devrons alors fermer des usines, par exemple. » Selon le chercheur, cela peut entraîner un effet domino : « Si une usine d’engrais ferme, cela se traduira au final par moins de nourriture dans votre assiette. »
En effet, il ne peut plus être produit. Le citoyen ne le ressent pas encore dans son portefeuille, mais cela aura des conséquences à long terme.
Des aides d’État pour les entreprises du secteur de l’énergie ?
Parmi les autres mesures que la Commission européenne proposera aux ministres vendredi, citons un plafonnement des revenus des producteurs d’énergie propre, comme l’énergie éolienne et solaire, et un prélèvement de solidarité pour les compagnies pétrolières et gazières. Ces entreprises réalisent aujourd’hui de gros bénéfices. Une partie de cet argent devrait en fait aller aux ménages et aux entreprises qui se sont retrouvés en difficulté à cause des prix élevés de l’électricité et du gaz.
« Ces mesures proposées montrent que nous n’avons tout simplement pas un bon fonctionnement du marché pour le moment », déclare M. Van Schaik. Elle voit la crise énergétique de la même manière que la crise bancaire de 2008 : « Nous avons alors réalisé que les banques sont en fait un bien public, qui doivent également être renflouées publiquement lorsque les choses vont mal. »
Selon le chercheur, il en va de même pour le secteur de l’énergie aujourd’hui et une intervention est également nécessaire. C’est déjà le cas en Allemagne et en France : un certain nombre d’entreprises du secteur de l’énergie bénéficient désormais d’aides publiques.
Pression sur Groningen
M. Van Schaik prévoit qu’en plus de ces mesures, la pression de l’Europe augmentera pour pomper plus de gaz à Groningue.
« Mais chacune d’entre elles n’est pas une solution à long terme. Nous devons juste utiliser moins d’essence. Les alternatives existent déjà et, lors de la crise de l’effet corona, nous pourrions aussi produire soudainement des vaccins très rapidement. Si nous faisons maintenant la même chose avec les pompes à chaleur, nous aurons parcouru un long chemin. »