Le médecin néerlandais Rebecca Gomperts a vu la demande de pilules abortives sur son site web Aid Access quadrupler depuis que la Cour suprême des États-Unis a supprimé le droit fédéral à l’avortement. « Nous avions l’habitude de recevoir environ six cents courriels par jour, maintenant il y en a quatre mille », dit-elle à NU.nl.
M. Gomperts a fondé le site web il y a quatre ans avec un certain nombre de médecins internationaux. Ils l’ont fait parce qu’il y avait une demande de nombreux pays pour des pilules abortives facilement disponibles.
« Surtout dans les pays où de nombreuses personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, comme aux États-Unis », précise M. Gomperts. « L’avortement y coûte en moyenne 600 dollars (environ 573 euros, ndlr), mais beaucoup ne peuvent pas se le permettre. Et si elles veulent se rendre à la clinique d’avortement, elles doivent souvent voyager très loin, alors que les transports publics ne fonctionnent pas de manière optimale. »
L’organisation aide les femmes dans différents pays, mais est principalement active aux États-Unis. Le service est populaire depuis le début, mais depuis la fin de la semaine dernière, la demande a explosé.
Vendredi dernier, la Cour suprême des États-Unis a annulé le droit fédéral à l’avortement. Cela ne rend pas l’avortement illégal aux États-Unis, mais les États peuvent décider eux-mêmes de l’autoriser ou non. Entre-temps, l’avortement a été interdit dans dix-sept États.
L’organisation reçoit désormais quatre fois plus de demandes qu’auparavant. « Heureusement, nous avons une grande équipe, ce qui nous permet de gérer parfaitement cette situation », déclare M. Gomperts.
Un médecin européen prescrit des pilules
Lorsque les femmes commandent des pilules abortives par le biais d’Aid Access, elles sont prescrites par un médecin européen. Ce médecin transmet ensuite l’ordonnance à une pharmacie en ligne américaine ou indienne, selon l’État ou le pays où vivent les femmes.
Cette pharmacie, à son tour, fait en sorte que les pilules parviennent au demandeur par la poste, pour un sixième du prix américain.
Toutes ces activités sont parfaitement légales, car Gomperts opère depuis l’Europe. Elle vit aux Pays-Bas et son entreprise est enregistrée en Autriche. L’avortement y est tout à fait légal, même après 24 semaines s’il y a certaines complications.
Aux Pays-Bas, l’avortement figure toujours dans le code pénal. Celle-ci rend notamment illégal le fait de faire pratiquer un avortement par un médecin non reconnu par le ministère de la santé. Il est également illégal d’avorter un fœtus après 24 semaines. Gomperts plaide, tout comme certains partis d’opposition, pour la dépénalisation de l’avortement.