Le Royaume-Uni aura un nouveau Premier ministre aujourd’hui. Ces dernières semaines, les membres du parti conservateur ont voté pour trouver un successeur à Boris Johnson. La bataille oppose la ministre des affaires étrangères Liz Truss à l’ancien secrétaire au Trésor Rishi Sunak. Quel qu’il soit, le nouveau Premier ministre héritera d’une économie qui ne tourne pas rond, c’est le moins que l’on puisse dire.
Tout comme nous, les Britanniques voient tout ce qui les entoure devenir rapidement plus cher. L’inflation au Royaume-Uni a atteint 10,1 % en juillet, soit le taux de croissance le plus élevé des pays du G7. La dépréciation de la monnaie ne devrait s’accentuer que vers la fin de l’année.
Le taux d’inflation élevé a plusieurs causes. Tout d’abord, comme aux Pays-Bas, la dépendance à l’égard du gaz importé. L’achat d’essence est maintenant beaucoup plus cher que l’année dernière.
Ces produits énergétiques deviennent encore plus chers en raison de la faiblesse de la monnaie britannique. La livre sterling est en baisse par rapport au dollar américain depuis des mois. De nombreux produits d’importation, tels que les matières premières, sont payés en dollars. Une livre sterling plus faible fait en sorte que les achats deviennent plus chers. Les importations plus coûteuses sont alors souvent répercutées sur les prix.
Le Brexit exacerbe les problèmes
Le Brexit joue également un rôle. La sortie du marché unique européen rend plus difficile les importations en provenance de l’UE. Ces barrières commerciales supplémentaires rendent, par exemple, la viande de porc (et le bacon est un élément essentiel du petit-déjeuner anglais traditionnel) plus chère.
La sortie de l’UE pose également des problèmes sur un marché du travail déjà tendu. Les chiffres de l’office statistique de l’ONS montrent qu’il y a environ 190 000 Européens de moins qui travaillent au Royaume-Uni cette année qu’il y a deux ans. Cela entraîne des pénuries de personnel supplémentaires.
Ces pénuries, à leur tour, pourraient entraîner une hausse des salaires. La banque centrale britannique met en garde contre ce que l’on appelle la spirale salaires-prix, dans laquelle la hausse des salaires est à nouveau répercutée sur les prix.
Récession à long terme à l’horizon
L’inflation galopante a un impact sans précédent sur la croissance économique (ou dans ce cas, sur la contraction). L’économie britannique s’est contractée de 0,1 % au deuxième trimestre par rapport au même trimestre de l’année dernière.
La banque centrale britannique s’attend à ce que la plus longue récession depuis la crise économique soit imminente. Cette récession – une période pendant laquelle l’économie se contracte – commence cet automne et dure jusqu’au début de 2024, prévoit la Banque d’Angleterre.
Les précédents premiers ministres confrontés à des problèmes similaires ont pu compter sur la banque centrale, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. La Banque d’Angleterre augmente les taux d’intérêt à un rythme rapide. La banque centrale espère ainsi limiter la poursuite de la hausse des prix. Cela rendra les emprunts plus coûteux et ralentira encore plus l’économie.