Depuis vendredi, la Banque centrale européenne (BCE) a définitivement arrêté tous les programmes de rachat qui avaient été mis en place depuis la crise financière de 2008. Au cours de cette période, le régulateur a racheté environ 5 000 milliards d’euros de dettes publiques. Cela représente quarante fois le chiffre d’affaires annuel des multinationales Ahold Delhaize et Unilever réunies. Les plans d’un nouveau programme de rachat sont déjà en cours d’élaboration.
Pourquoi la BCE a-t-elle racheté des dettes ?
Lorsqu’en 2008, la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers a menacé d’entraîner dans sa chute l’ensemble du monde bancaire, la BCE a décidé d’accorder des prêts d’urgence aux banques européennes pour les maintenir à flot. Cette intervention a rendu plus coûteux le remboursement des dettes d’un certain nombre de pays, ce qui les a mis en difficulté. L’un de ces pays était la Grèce, qui a dû être secourue par les autres pays de la zone euro et a été placée sous la supervision de l’UE. Cette surveillance sera levée en août de cette année.
Pour calmer les esprits, le président de la BCE de l’époque, Mario Draghi, a prononcé son célèbre discours « whatever it takes » en 2012. Il y déclarait que la BCE était prête à faire tout ce qui était possible pour sauver la zone euro. Pourtant, la BCE a fait relativement peu dans les années qui ont suivi, mais les marchés financiers s’étaient calmés.
Jusqu’à ce que Draghi s’inquiète de la faible inflation dans la zone euro en 2015. Il s’est alors établi à un peu plus de 0 %, ce qui signifie que les gens dépensaient relativement peu plus d’argent et que l’économie n’était donc plus en croissance. Depuis lors, la BCE vise un taux d’inflation d’environ 2 %.
Pour y parvenir, la banque centrale a décidé de racheter chaque mois les obligations d’État détenues par les banques. Les obligations d’État sont des dettes de pays qui sont « achetées » par une autre partie, mais qui doivent ensuite être remboursées avec des intérêts. Il s’agit donc d’une sorte de prêt.
Dans le même temps, la BCE a abaissé les taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas. Cette combinaison, selon M. Draghi, devait permettre aux banques de disposer de plus d’argent à prêter, tout en incitant les gens à dépenser leur argent.
Est-ce que ça a marché ?
Au cours des premières années qui ont suivi le lancement du programme, l’inflation a fortement augmenté, ce qui était l’intention de la BCE. En 2018, à son apogée, il était de 1,8 %. Un an plus tard, il est retombé à 1,2 %. Pendant la crise coronaire de 2020, toute cette croissance a été annulée et l’inflation dans la zone euro est tombée à 0,3 %.
La BCE a alors lancé un nouveau programme d’achat appelé PEPP (programme d’achat d’urgence en cas de pandémie). Au total, la banque y a consacré plus de 1 000 milliards d’euros. Ce programme a été interrompu à la fin du mois de mars de cette année.
Mais le programme de soutien à la crise financière s’est poursuivi à cette époque. Cela a pu compter sur de fortes critiques de la part de plusieurs économistes, car l’inflation avait entre-temps atteint des niveaux élevés. En mai, la vie aux Pays-Bas est devenue 8,8 % plus chère. Selon les critiques, les achats de dettes et les faibles taux d’intérêt n’ont fait que pousser l’inflation et mettre les ménages en difficulté. C’est pourquoi la BCE a décidé d’arrêter le programme le 30 juin et de relever le taux d’intérêt.
Est-ce la fin des programmes d’achat massif ?
Ce n’est pas du tout certain. C’est précisément à cause de ces projets de hausse des taux d’intérêt que les pays du sud de la zone euro ont de nouveau des problèmes d’endettement. Pour éviter une nouvelle crise de l’euro, l’actuelle présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déjà annoncé un nouveau règlement pour soutenir ces pays spécifiques.
On ne sait pas encore exactement à quoi cela ressemblera, mais les économistes supposent un mécanisme similaire à celui de la Grèce. « La BCE rachètera probablement des obligations de ces pays, mais en les liant à des exigences de réforme », a déclaré précédemment Carsten Brzeski, économiste chez ING, à NU.nl.
Lors de la crise précédente, la BCE a introduit un instrument appelé OMT. Cet instrument permet à la banque, en principe, de racheter un montant illimité d’obligations de tout pays qui en fait la demande, mais ces achats sont assortis de conditions strictes. L’OMT n’a jamais été utilisé depuis son introduction. Cela pourrait changer maintenant.